[i55o]                                               DE LA VILLE DE PARIS.'                                                  215
CCXXV [CLXXIV]. ---- [ASSEMRLÉE GÉNÉRALE. ---- DÉLIRÉRATION SUR LEs] Illl" M. ESCUZ
DEMANDEZ PAR LE'ROY À LA VlLLE.
28juini55o. (Fol. 190.)
Du samedi, xxvinejour de Juing mil v° l.
En assemblée generalle, tenue en l'Ostel de la Ville de Paris, de mess" les Prevost des Marchans, Eschevins, Conseillers, Quarteniers, les Cours sou­veraines, corps et communaultez, lant d'église que seculliers, avec huit des plus notables personnes de chascun quartier, mandez et convoquez pour adviser sur les lettrés de creance envoyées par le Roy à lad. Ville et apportées par monsrle Tresorier des Guerres, maistre Jacques Veau; en laquelle se sont trouvez, c'est assavoir :
Mons1' le Prevost des Marchans, Guyot; ■ Courtin, Soly, Choart, Eschevins;
Monsr d'Athis, de Livres, de Jumeauville, T. de Bragelongne, T. de Montmirel, Larcher, Lelievre, Hennequin, Conseillers de lad. Ville;
Monsr Petremol, monsr Luillier, Maistres des Comptes;
Monsr Ruzé, monsr d'Asnières, Conseillers ès Ge­neraulx de la Justice;
Mess™ de Chappitre de'Paris, mess" Guedon, Longuejoe, Destas;
Le Procureur de l'Université de Paris;
Basannier, de Sainct Germain, Godeffroy, Lejay, Danès, Lorrain, Hac, Gohory, Pellerin, Lescalopier, Boucher, Parfaict, Paulmier, Quarteniers de lad. Ville;
Fiacre Charpentier, Nicolas Foucault, Philippe Le­noir, Philebertde Crevecueur, Nicolas Alexandre, et plusieurs autres bourgeoys de lad. Ville mandez.
Après ce que mond. sr le Prevost des Marchans a proposé en lad. assemblée la creance dud. Tre­sorier, suyvant laquelle se seroit retiré par devers le Roy et monseigneur le Connestable, pour entendre plus à plain son voulloir et luy faire telle responce qu'il verroit bon estre. Et auroit trouvé led. seigneur à Sainct Germain en Laye, lequel auroit faict re-monstrer ai mond, s* le Prevost que il luy convenoit de brief payer sa gendarmerye, et puis après les Anglois du reste de la composition faicte avec eulx; mais pour ce qu'il ne seroit convenable les payer du billon qu'il a en son Espargné et Receptes gé­néralles en grande quantité, car ilz le vouldroient rebailler par force au peuple, ainsi rongné qu'il
est; aussi que led. billon ne peult estre converty d'ung an en bonne monnoye; vouldroit bien que sa bonne Ville de Paris qui l'a tousjours secouru au besoing print led. billon jusques à la valleur de quatre vingtz mil escuz, vallans ix" m livres tournois, pour sur icelluy emprunter lad. somme ou bien constituer rente sur le demaine de lad. Ville jusques à xvM livres tournois de rente aux particuliers de lad. Ville. Et fourniroit led. seigneur dud. billon, tant qu'il en fauldroit pour payer le principal et les arreraiges. Lesquelles rentes se rachepteroient à mesure que icelle Ville feroit forger led. billon. Le­quel Prevost auroit faict responce que le peuple de Paris ne vouldroit bailler aucun argent sur led. billon, parceque lad. rente seroit usuraire d'avoir principal, et les arreraiges, contre la loy divine et ordonnances royaulx; et si led. seigneur, à qui Dieu doint bonne vie, alloit de vie à trespas, ses suc­cesseurs pourroient repeter lad. rente et condempner les achepteurs en grosses amendes.
Après lesquelles remonstrances, led. seigneur et les gens de son Conseil auroient accordé que, si la Ville luy veult prester son nom et luy bailler lad. somme de ix" m. livres tournois, qu'il baillera pour seureté la gabelle de Paris, qu'il a baillée à ferme pour dix ans, sur laquelle sera constitué xv" livres tournois de rente à ceulx qui en vouldront avoir. Et. où lad. gabelle de Paris ne suflîroit, obligera toutes les plus valleurs des fermes cy devant engagées ai lad. Ville. Ce que led. sr Prevost des Marchans [trouvoit] beaucoup le meilleur et prioit l'assistance d'y adviser, remonstrant la bonne amour que led. seigneur a à sa Ville de Paris et plusieurs autres admonitions raisonnables. A tous lesquelz il a de­mandé leur avis et oppinyon en particulier.
Et finallement, a esté conclud, advisé et deliberé que lad. Ville doibt contracter avec le Roy ef ses procureurs, avec l'asseurance dessusdicte. Mais,pour ce que les bourses des habitans delad. Ville ont esté par cy devant vuidées pour le service dud. seigneur, et puis nagueres ilz ont eu grosse perte pour le decriment dud. billon, sera supplié led. seigneur que, si on ne peult sitost recouvrer lad. somme, qu'il luy plaise avoir patience.